Banlieusards privés de cinéma

           Le réalisateur et producteur français, Luc Besson s’attaque aux cinémas UGC. Il reproche au distributeur son refus de diffusé Banlieue 13 Ultimatum en proche banlieue. Une mesure « raciste » et « discriminatoire » selon le patron d’EuropaCorp.

           Une semaine après la sortie de Banlieue 13 Ultimatum, Luc Besson ne décolère pas. Après la polémique de Dany Boon aux oscars et la lutte contre le piratage, le très médiatique réalisateur et producteur part en croisade contre UGC. Il accuse le distributeur français de « racisme » et de « discrimination ». Le groupe de cinéma refuse en effet de diffuser B13U dans six cinémas de la proche banlieue. La raison ? Le sujet du film risque d’attirer les jeunes des cités dans les salles obscures. Réalisé par Patrick Allessandrin, la suite de Banlieue 13, sorti en 2004, met en scène des jeunes de banlieue qui veulent sauver leur cité du chaos. Bagarres entre bandes rivales et affrontements avec des policiers au cœur d’un quartier de non droit sont au menu de ce film d’action.

           Les cinéphiles de Cergy-le-Haut, Noisy-le-Grand, Créteil, les Ulis, Vélizy et Rosny devront donc se déplacer sur Paris pour regarder le sulfureux long métrage. « On m’a dit clairement qu’on ne voulait pas de ce public la », s’est exclamé le patron d’EuropaCorp, lundi 23 févier, au micro de Marc-Olivier Fogiel sur Europe 1. Une réaction qu’il juge « stupide » aux vues du succès du film. B13U a enregistré 100 000 entrées le premier jour de sa sortie. « UGC est celui qui a le plus investit dans les cinémas de banlieue, comme l’UGC Rosny par exemple. Nous sommes contre toute logique de ghettos, c’est pour cela que nous avons choisi nos plus grandes salles pour diffuser ce film. », a répondu le distributeur dans les colonnes du journal gratuit Métro. « Notre objectif est de remplir nos salles. Ce n’est pas à Luc Besson de choisir où nous allons diffuser les films. »

           Si la distribution des pellicules aux distributeurs – UGC, Pathé, Gaumont, MK2 – appartient à la production, leur répartition dans toutes les cinémas de France reviens bien aux seconds. Pourquoi donc tant d’esclandres alors ? Pour certains, la fronde de Luc Besson au nom de l’égalité n’est rien d’autre qu’un élan hypocrite pour assurer un coup de pub au film. Selon le collectif Kourtrajmé, interrogé par le site Rue89, « Luc Besson a bien compris que la banlieue, c’est un potentiel et qu’il pourrait s’y faire de l’argent ». Avec l’ouverture, l’année prochaine, de sa « Cité européenne du cinéma » à Saint-Denis, il a tout intérêt à se faire bien voir de la banlieue. Alors, valeur philanthropique ou intérêt économique ? La polémique prend déjà de l’ampleur. Luc Besson a décidé de faire appel à un médiateur du ministère de la Culture. Il espère réconcilier UGC avec le public des banlieues.