Vampire mania à tout va
Attention, ils sont de retour. Les vampires s’exposent à sang pour sang. La saga Twilight au cinéma a remis cette figure mythique au goût du jour. A la suite du succès phénoménal de l’œuvre de Stephenie Meyer, ils se sont invités depuis quelques mois dans les salles obscures avec Jennifer’s Body, l’apprenti du vampire ou Underworld. Coté livres, même engouement. Du best seller Dracula l’immortel de Dacre Stoker et Ian Holt à La lignée, nouvelle saga littéraire signée par le réalisateur Guillermo del Toro, une vingtaine de livres sur les vampires devraient faire leur apparition sous le sapin de Noël.
Les êtres de la nuit ont également du succès sur le petit écran. Ils avaient déjà marqué la génération 1990 avec Buffy contre les vampires et Angel. Ils reviennent avec True Blood, série lancée il y a un an. La deuxième saison a débuté le 1er décembre, et Vampire Diaries devrait arriver prochainement en France. Cette série est adaptée de la saga Journal d'un vampire de L.J. Smith, initialement publiée en 1991 et rééditée cette année devant le succès de Twilight. Signe qu’en matière culturelle, on peut faire du sang neuf avec du vieux.
On pourrait croire qu’une telle profusion provoque une overdose. Que nenni ! Le vampire est un label de réussite. Plusieurs milliers d’exemplaires de Dracula l’immortel se sont écoulés depuis sa sortie le 15 octobre. Avec 2,3 millions d’entrées enregistrées la 1ere semaine de sa sortie, Twilight 2 a littéralement vampirisé le box office français (Twilight 1 avait rapporté 193 millions de dollars en fin d’exploitation). Les quatre tomes de la saga Twilight ont été vendus à 70 millions d’exemplaires dans le monde.
Un amour de vampire
Mais pourquoi un tel regain d’intérêt pour cette figure qui, autrefois, suscitait l’effroi ? Pour les nouvelles valeurs que le nouveau vampire véhicule. L’image romantique d’un Nosferatu dormant dans un cercueil, suçant le sang de ses victimes et se transformant en chauve-souris semble bien dépassée. Le suceur de sang d’aujourd’hui est jeune, beau et bien intentionné, à l’instar de Brad Pitt et Tom Cruise dans Entretien avec un vampire. Racisme, identité, communautarisme : il souffre encore des maux de son époque. En gentil vampire, il cherche à s’intégrer dans une société qui le rejette. Dans la série True Blood, les vampires vivent en parfaite harmonie car ils ont trouvé un substitut au sang humain.
Les adolescents sont les premiers à se reconnaître dans ces vampires new age. Volonté d’intégration et de reconnaissance, pulsions charnelles inconnues et difficilement réprimées, ces thèmes sont bien connus des vampires et des jeunes. Et dans une société voulant sans cesse repousser les limites de la vie et attachant à la jeunesse du corps toutes les attentions, les vampires de Twilight et Co deviennent des objets d’admiration pour les générations précédentes.
Un fanatisme qui va jusqu’à l’excès. Depuis le mois d’octobre les fonds de teint et crèmes en tous genres aux tons clairs ont connu une explosion des ventes de 200 %. Idéal pour ressembler à Robert Pattison, le jeune héros de Twilight. Mais la dérive la plus extrême reste celle des vampyres (avec un Y). Un phénomène qui regroupe 15 000 « a-crocs » outre Atlantique. Inspirés par leurs héros de la nuit, ils s’organisent en quelques 500 clans vampiriques avec leurs lois et leurs rites. Dents taillées en pointe ou implants, tous arborent des canines démesurés et des tatouages aux couleurs de leur tribu. Comme quoi, aujourd’hui, il n’est plus nécessaire d’être mordu pour être vampirisé.