Crise humanitaire et morale en Birmanie

Publié le par Romain


          Difficile de passer à coté de la Birmanie ces temps-ci. Ses 34 000 morts causés par le passage du typhon Nagis le 2 et 3 mai dernier s’exposent dans tous les journaux et tous les médias…mais est-ce le plus important ? Etre victime d’une catastrophe naturelle, ça peut malheureusement arriver ! Etre victime d’un Etat oppresseur, habitué à violer allègrement les Droits de l’Homme, c’est scandaleux ! La cause ne revient bien sûr pas aux 45 milliards de Birmans qui subissent chaque jour la dictature de la junte, mais au gouvernement…et aussi à la communauté internationale.

 

           La Birmanie n’a jamais été aussi fermée que depuis deux semaines. Pendant que les rescapés (sur)vivent dans des conditions de plus en plus inhumaines, les convois humanitaires sont bloqués aux frontières par un gouvernement qui tient décidément plus que tout à garder le secret de sa politique intérieure. Une cinquantaine d’humanitaires attendent actuellement Bangkok, en Thaïlande, pour obtenir leur autorisation de rentrer sur le territoire birman. « En fait, très peu de visas ont été accordés », a constaté Catherine Bragg, directrice adjointe du Bureau de coordinations des affaires humanitaires de l’ONU.

 

           Seuls un avion américain et un bateau de Médecins sans frontières ont réussi à apporter des aliments et du matériel de soin dans le delta de l’Irrawaddy, la région la plus violemment touchée et inaccessible sans l’autorisation des autorités locales. Et encore ! Là aussi les humanitaires étrangers sont restés aux frontières, laissant le soin à l’armée de distribuer les aides. Mais selon les Nations Unies, les opérations de secours ne permettent de répondre qu’à 10% des besoins en eau potable, vivres et matériels des populations sinistrées, soit un quart des rescapés.

 

            Selon Democratic Voice of Burma, une radio de l’opposition qui émet depuis la Norvège, seule une cinquantaine de sinistrés ont reçu de la nourriture. Les autorités birmanes ne distribueraient le riz et les denrées alimentaires qu’aux partisans du régime. Cette révélation a de quoi susciter l’indignation des pays donateurs. « Le monde devrait être en colère et condamner » la junte, a déclarer le président américain, George W. Bush, dont le pays à promis 13 milliards de dollars en plus des trois milliards déjà envoyés.

 

            Le dire c’est bien, le faire c’est mieux… Pendant que les corps continuent de se décomposer dans les régions inondées et difficiles d’accès et que les maladies progressent (choléra, typhus, malaria), les rescapés doivent faire face aux pillards. Les habitations qui subsistaient jusque là sont maintenant aux mains des vandales qui les saccagent. Des femmes, à qui ont coupe doigts et oreilles pour voler les bijoux sont violées puis abandonnées.

 

           Le pays est en guerre et le gouvernement ferme les yeux. Pire, il célèbre le référendum « couronné de succès » du 10 mai. Ce scrutin visait à doter le pays d’une nouvelle Constitution permettant aux militaires de garder le pouvoir pendant encore de nombreuses années. Si face à cette aberration, la communauté internationale est impuissante à punir la junte birmane, il ne reste plus qu’à espérer que le prochain cataclysme emporte le président Than Shwe et son régime dictatorial.

 

Source photo : 20 minutes

Publié dans International

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E
ça serait en effet une solution...! en tout cas c'est pas avec le genre de phrases dont Bush nous gratifie qu'on va aller loin... on ne peut que s'indigner devant un comportement aussi inhumain des autorités birmanes, c'est dégeulasse
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