Les prix Nobel 2008
C’est une semaine chargée qui vient de passer à Stockholm pour les membres de l’Académie Royale des Sciences de Suède qui remettent chaque année les prix Nobel.
Lundi 6 octobre, les Français Françoise Barré-Sinoussi, 61 ans, et Luc Montagnier, 76 ans, ont ouvert la danse en recevant le prix Nobel de médecine pour leurs travaux sur le Sida. On doit à ces deux professeurs en virologie la découverte en 1984 du rétrovirus humain, aujourd'hui connu sous le nom de VIH, responsable de la maladie qui affecte 1% de la population mondiale. L'Allemand Harald zur Hausen s’est également vu décerner ce prix pour ses recherches sur le cancer du col de l’utérus. Ce chercheur de 72 ans de l’Université de Düsseldorf a mis en évidence le rôle du "virus du papillome humain" ou papilloma virus (VPH) dans l’origine du deuxième type de cancer le plus répandu chez les femmes.
Le prix Nobel de physique a été attribué, mardi 7 octobre, à l’Américain Yoichiro Nambu et à deux Japonais, Makoto Kobayashi et Toshihide Maskawa. Chercheur à l'institut Enrico Fermi à Chicago, M. Nambu (87 ans) est récompensé pour « la découverte du mécanisme de la brisure spontanée de symétrie en physique subatomique ». Grande énigme de la physique, la symétrie tente de décrire les particules élémentaires à l'origine de la formation de l'univers, il y a quatorze milliards d'années. En effet, lors du Big Bang, matière et antimatière ont été produites en quantités égales et auraient dû s'annuler l'une l'autre. Mais "cela ne s'est pas passé ainsi", explique le communiqué des Nobel. "Il y a eu une minuscule déviation d'une particule supplémentaire de matière pour chaque 10 milliards de particules d'antimatière. C'est cette rupture de symétrie qui semble avoir permis à notre univers de survivre", poursuit l'académie.
Les Américains Roger Tsien et Martin Chalfie et le Japonais Osamu Shimomura se sont vus décerner le prix Nobel de Chimie pour leurs travaux sur les protéines fluorescentes. Extraites de la méduse Aequorea victoria pour la première fois en 1962 par M. Osamu, ces protéines deviennent vertes sous des rayons UV. En les associant à des cellules humaines, les scientifiques ont pu observer l’évolution de tumeurs. « Cette protéine est devenue l'un des outils les plus importants utilisés dans la biosciences contemporaine », a indiqué le Nobel.
L’année 2008 aura été fructueuse pour les Français. Après Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier qui ont reçu le Nobel de médecine, c’est au tour de Jean-Marie Le Clézio (68 ans) d’être récompensé par le prix Nobel de littérature. Son premier livre, Le Procès Verbal, édité en 1963 a été gratifié du prix Renaudot, accordant ainsi à son auteur une place parmi l’élite littéraire française. Engagé dans plusieurs causes ethnologiques et écologistes, M. Le Clézio est un grand voyageur. Le jury des Nobels se plaisent à le définir comme « l’écrivain de la rupture, de l’aventure poétique et de l’extase sensuelle, l’explorateur d’une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante ». Farouches, secrets, silencieux, la plupart de ses romans sont inspirés d’extatisme, tel Désert, écrit en 1980. Son dernier ouvrage, Ritournelle de la faim, paru la semaine dernière à Paris retrace le destin de sa mère, de l’île Maurice à Paris.
Le prix Nobel de la paix, récompense la plus prestigieuse de la semaine, a été remis vendredi 10 octobre à l'ancien président finlandais Martti Ahtisaari pour ses nombreuses médiations à travers le monde. A 71 ans, M. Ahtisaari, est récompensé "pour ses importants efforts, sur plusieurs continents et pendant plus de trois décennies en vue de résoudre les conflits internationaux, contribuant à faire de ce monde, un monde plus pacifique, et renforçant la fraternité entre les nations", a déclaré, à Oslo, le président du comité Nobel norvégien, Ole Danbolt Mjoes. Les pouvoirs russes et serbes se sont toutefois dit scandalisés de cette récompense. Martti Ahtisaari reste en effet sur un échec dans ses fonctions d'envoyé spécial de l'ONU entre novembre 2005 et mars 2007. Le Finlandais n'a pas réussi à résoudre le casse-tête kosovar, aboutissant à l’indépendance du Kosovo en Février 2008.
Inventé en 1895 par M. Alfred Nobel, le prix Nobel récompense chaque année les personnes qui ont rendu à l'humanité de grands services dans cinq domaines : paix, littérature, chimie, médecine et physique. Mort sans héritier direct en 1896, l’inventeur de la dynamite céde toute sa fortune à la création d’une organisation qui décerne tous les 10 décembre (date anniversaire de la mort de M. Nobel) les fameuses récompenses à Stockholm, en Suède. Les lauréats reçoivent chacun 10 millions de couronnes suédoises (soit plus d'un million d'euros) qui leur sert le plus souvent à continuer leurs recherches sans subir de pressions financières.
Sources photos : Le Monde, le Figaro, 20 Minutes, le Parisien