Il y avait longtemps...

Publié le par Romain

C’est bien connu, le printemps et l’automne sont les saisons de l’année les plus riches en grèves et mouvements sociaux. Et l’automne 2007 ne déroge pas à la règle. Jeudi 18 octobre, la SNCF et la RATP conduisent une journée de grève nationale pour manifester contre la réforme gouvernementale qui prévoit l’alignement du régime des retraites de la SNCF sur celui de la fonction publique. Elle prévoit un allongement du temps de travail, le faisant passer de 37,5 années à 40 ans. Conséquences de cette mesure, l’âge de départ en retraite recule au delà des 55 ans pour une profession réputée « fatigante » et suivant le système de décote, les cheminots partant en retraite avant l’âge requis auraient un manque à gagner sur leur pension. "Quand on applique à la fois le passage de 37,5 annuités à 40 et la décote, ça peut faire baisser les pensions au-delà de 30%, c'est dramatique", explique Rémy Aufrère, secrétaire général de la fédération FO des cheminots.

 

            Organisées par l’ensemble des huit syndicats français, les manifestations de jeudi doivent s’étendre à l’ensemble du territoire national. Les formations divergent cependant sur la durée du mouvement. Alors que la plupart d’entre elles – dont la CGT de Bernard Thibault, premier syndicat à la SNCF – recommandent une « grève carrée » de 24h, la principale formation des cheminots, SUD-Rail, soutenue par FO et la FGAAC estime que, pour être efficace, la grève doit pouvoir être reconductible. De son coté, le gouvernement accepte de discuter avec les partenaires sociaux sur le cadre de la réforme mais rejette toute négociation sur le fond. « Cette réforme se fera, a répété le ministre du travail, Xavier Bertrand à ses interlocuteurs syndicaux. On peut discuter sur les termes mais elle se fera. »

 

            file-285717-73735.jpg         Les manifestants et le gouvernement ont qualifié de « jeudi noir » ce jour de mobilisation générale. Le trafic sera « fortement perturbé » dans les grandes villes et surtout en région parisienne. A peine 46 TGV rouleront aujourd’hui sur les 700 prévus en temps normal. 80% des Eurostar assurant le transit France-Angleterre seront assurés et 60% des Thalys seront au départ vers Bruxelles, Cologne ou Amsterdam. Seulement 10 trains Corail circuleront aujourd’hui sur l’ensemble du territoire. En souterrain, se déplacer relèvera aussi de l’exploit puisqu’une rame sur cinq est prévue sur l’ensemble du réseau métropolitain. Seule la ligne 14 automatisée circulera normalement. En banlieue, un service minimum assurera un train toutes les demi-heures aux heures de pointe. Les gares desservant les RER A et B ainsi que les stations de tramways seront vides puisque aucun service n’est prévu.

 

Les moyens de transports alternatifs sont dores et déjà privilégiés. Les Vélib’ ont été pris d’assaut ce matin dès 6h00. Les métropolitains s’organisent en co-voiturage. Mais la plupart d’entre eux ont profité de ce jour de mobilisation pour s’offrir un jour de repos. Les embouteillages n’ont donc pas été à la hauteur des pronostiques. Dans les aéroports Roissy et Orly, « la situation est tout à fait normale ». Pas de grévistes parmi les contrôleurs aériens. Et malgré la suppression des navettes reliant Paris à l’aéroport ainsi que quelques vols suspendus, conséquence de la grève, on ne déplore aucun autre désagrément dans les aéroports. Tous les départs et les arrivées sont annoncés « à l’heure ». Les Français réussissent donc malgré tout à suivre le cours de leur vie, mais chacun espère que ce mouvement ne prendra pas l’ampleur de celui de 1995. Cette année-là, les grèves de transport avaient duré trois semaines.


Source photo : Libération

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J
En ce qui concerne la réforme des régimes spéciaux de retraite, les multiples sondages confirment invariablement les uns après les autres que les français sont de plus en plus largement et majoritairement favorables à la mise en place de cette réforme. Ainsi, un sondage réalisé par l'institut Opinion Way en date des 19 et 20 octobre dernier indique que 68% des personnes interrogées n'approuvent pas la position des syndicats, que 71% souhaitent que le gouvernement ne céde pas sur cete réforme et que 85% exigent la mise en place d'un véritable service minimum.<br /> <br /> En dépit de ce constat, depuis quelques semaines, que ce soit à la S.N.C.F. ou à la R.A.T.P., des organisations syndicales dont la capacité de nuisance est inversement proportionnelle à la représentativité, toujours prêtes à défendre des avantages corporatistes issus d'un autre âge, décident donc, les unes après les autres, d'organiser une nouvelle prise d'otage reconductible dans les transports publics à compter du mardi 13 novembre prochain à partir de 20 heures.<br /> <br /> Or, ce nouveau mouvement social ne tient pas compte d'une réalité pourtant flagrante : nous ne sommes plus en 1995, les mentalités ont évolué sur pas mal de sujets et aujourd'hui, de manière indiscutable, une majorité de français sont largement favorables à cette réforme des régimes spéciaux de retraite et sont donc, par conséquent, opposés à cette grève. A un moment ou le spectre des grandes grèves de 1995 resurgit, il nous appartient donc de faire savoir que bon nombre d'entre nous ne sont pas disposés à assister passivement à une nouvelle tentative de paralysie de notre pays.<br /> <br /> Dans ce contexte, il convient donc, dès aujourd'hui, de nous mobiliser, de réfléchir ensemble à toutes les initiatives qui pourraient être envisagées et qui auraient pour objectif d'exprimer un soutien massif à cette réforme des régimes spéciaux de retraite et notre opposition à toute tentative d'un nouveau blocage des transports publics de notre pays.
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