Vers la fin sanglante d’un conflit ?

Publié le par RD


           Le conflit qui oppose l’armée sri lankaise aux troupes séparatistes du LTTE (Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul) pourrait bien se terminer dans les jours qui viennent. Mais la fin de ce conflit historique qui ravage l’île asiatique depuis 37 ans semble se faire attendre. Considéré comme organisation terroriste par la communauté internationale, les Tigres sont encerclés par l’armée gouvernementale. Ils ne sont plus que quelques centaines, acculés sur une bande côtière d’à peine 10 km² au Nord-est du Sri Lanka. La fin de la rébellion n’a jamais été aussi proche. Des milliers de civils sont toutefois pris au piège entre les deux belligérants et servent de boucliers humains aux derniers guérilleros. Ce contexte humanitaire inextricable bouleverse le monde. L’ONU et la communauté internationale interviennent. Retour sur quatre jours de tensions diplomatiques.

           Aux bords de la déroute, les Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul ont annoncé, samedi 25 avril, un cessez-le-feu unilatéral dans la zone de conflit. « Nous craignons […] une crise identique à celle du Darfour, voire plus meurtrière (et) sommes disposés à engager un dialogue constructif pour régler la crise humanitaire », ont assuré les rebelles qui ont averti qu’une « famine imminente menaçait les 165 000 personnes vivant dans la région du conflit ».  L’initiative a aussitôt été rejetée par le Sri Lanka qui souhaite la reddition sans conditions des rebelles. « Cela ne peut être qu’une blague ! » a répliqué le ministre de la Défense, Gotabhaya Rajapakse. « A quoi servirait un cessez-le-feu alors qu’ils sont en pleine débâcle ? Ils doivent d’abord déposer les armes et laisser les civils partir ». Le président sri lankais, Mahinda Rajapakse, a exclu, dimanche 26 avril, toute amnistie pour le chef de la rébellion. « Le dirigeant des LTTE a repoussé avec mépris la possibilité que nous lui accordions notre pardon […]. Il doit maintenant répondre des conséquences de ses actes »

           Les LTTE, ne se rendront « jamais, tant que les revendications légitimes ne seront pas satisfaites », a déclaré, lundi 27 à l’AFP, le porte parole des rebelles, S.Puleethevan. Une idéologie confirmée par M.R.Narayan Swamy, le biographe du chef du LTTE, Vellupilai Prabhakaran. « Même avec une marge de manœuvre réduite, Prabhakaran ne peut pas abandonner et encore moins être vu abandonné. Un Prabhakaran qui combattra jusqu’au bout, puis tombera, deviendra une légende, pour son peuple au moins. Un Prabhakaran qui s’enfuirait serait considéré très différemment par ceux qui l’ont soutenu. » La rébellion des Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul luttent depuis 1972 pour la création d’un Etat tamouls indépendant au sein du Sri Lanka, pays à majorité Cingalaise.

 


6 500 civils tués, 14 000 blessés, 100 000 déplacés

           Mobilisé contre le désastre humain au Sri Lanka, l’ONU a envoyé, dimanche 26 avril, son responsable des Affaires humanitaires, John Holmes. Ce dernier devait obtenir « une pause […] pour faire entrer des travailleurs humanitaires dans la zone de conflit. » Après trois jours de négociations, il quitte le pays, « déçu » de ne pas avoir obtenu le feu vert du président sri lankais pour dépêcher des équipes d’aide sur la bande côtière. Selon l’ONU, plus de 100 000 civils ont fuis la zone de conflits en seulement 24 heures. 50 000 civils seraient néanmoins encore aux mains des Tigres. Colombo affirme pour sa part avoir «sauvé» 110 000 Tamouls depuis lundi, à la faveur de «la plus grande opération de libération d'otages dans l'Histoire».

           En Occident, la situation a déclenché une avalanche de manifestations de la part de la diaspora tamoule. En France, 10 000 personnes ont défilés, le 18 avril, dans les rues de Paris. Dans l’hexagone, en Angleterre et au Canada, des manifestants font la grève de la fin pour dénoncer le « génocide » des Tamouls au Sri Lanka. Les ministres des Affaires étrangères français, anglais, Bernard Kouchner et David Milliband se rendront sur l’île, mercredi 29 avril pour tenter d’intervenir dans le règlement du conflit. Le ministre suédois, Carl Bildt, s’est quand à lui, vu refusé le visa Par Colombo. L’aide internationale devrait également être revue à la hausse. Paris a promis de doubler sa participation pour atteindre un million d’euro. De Londres, le premier ministre britannique, Gordon Brown, a envoyé 2,5 millions de livres supplémentaires (2,76 millions d'euros) pour fournir de l'assistance aux personnes déplacées.

           P
ressé par la communauté internationale, le gouvernement sri lankais a annoncé, lundi 27 avril, l’arrêt  de ses opérations militaires lourdes. Celles-ci sont « arrivées à leurs conclusions », selon un communiqué. « Nos forces de sécurités s’efforceront uniquement de secourir les civils pris en otages ». Un responsable gouvernemental a toutefois précisé que les opérations terrestres, à l’arme légère, se poursuivaient. « Ce n’est ni la fin de l’opération militaire, ni un cessez-le-feu », a-t-il martelé. Une décision en rupture avec la politique menée par Colombo jusqu’à présent. Un site internet proche des rebelles tamouls a toutefois dénoncé des tirs de mortiers survenus lundi dans la soirée. L’ONU estime que plus de 6 500 civils ont été tués et 14 000 blessés depuis que l’armée a lancé en janvier son offensive « finale ». L’arrivée de diplomates européens au Sri Lanka risque de rallonger le temps des négociations et par conséquent, celui de la crise humanitaire. Le règlement d’un conflit sans dommages collatéraux ne s’est jamais vu. Reste à espérer que le Sri Lanka règle la question des Tigres rebelles  le plus rapidement possible.



Sources photo et image :  France 24, Le Point, Le Monde
                                       Courrier International, L’Express

 

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