Le requin risque son statut d’espèce menacée

Publié le par Romain Dondelinger

le-grand-requin-blancFaut-il continuer à protéger les requins ? La question refait surface à la suite d’une nouvelle attaque survenue samedi 14 juillet. Alors qu’il surfait près de l’île de Wedge, au nord de Perth, capitale de l’Australie Occidentale, Benjamin Linden, 24 ans, s’est fait attaquer par un grand requin blanc de quatre à cinq mètres. Un homme qui faisait du jet-ski à proximité, a ainsi raconté n'avoir vu que la moitié du torse de la victime. «  Il y avait du sang partout et un énorme, énorme requin tournant autour du corps. J'ai réussi à atteindre le corps mais le requin s'est approché de moi et du jet-ski et a essayé de me faire tomber. J'ai fait un autre tour et quand je suis revenu vers le corps le requin l'a pris », a-t-il témoigné.

 

La plage a aussitôt été fermée et un dispositif a été mis en place pour retrouver et tuer le mangeur d’homme dorénavant prénommé Brutus. Cette attaque mortelle, la cinquième en un an relance le débat : faut-il ou non continuer de protéger ces prédateurs ? « Nous consacrons 14 millions de dollars australiens (11,7 millions d'euros) supplémentaires pour mieux comprendre les requins blancs et les raisons de ces attaques, explique le ministre de la Pêche de l'Etat d'Australie occidentale, Norman Moore. Je me demande si ces recherches nous diront que le nombre de requins blancs a augmenté, et alors nous devrons peut-être nous demander s'ils doivent rester une espèce protégée ». Des déclarations qui ont provoquées un tollé parmi les associations de défense des requins.

 

Comment cohabiter ?

 

2090963 web-australie-wedge-01 Bien que spectaculaires et très médiatisées, les attaques de requins restent rares : 15 en moyenne par an, dont au moins une mortelle. Les squales bénéficient encore de la protection du gouvernement. «  L'océan est le domaine des requins, et nous y entrons à nos risques et périls », a expliqué Colin Burnett, ministre de l'Etat après la précédente attaque meurtrière, en mars. Une thèse largement soutenue par les océanologues. Pour Christophe Neff, chercheur à la faculté des sciences de l'université de Sydney et auteur d'une thèse sur les politiques face aux requins, tuer les requins ne réglerait pas le problème des attaques aux abords des plages. « Modifier le statut d'espèce protégée ne va rien changer quant aux nombres d'attaques qui se produisent sur les plages australiennes. Les requins sont une espèce en danger, sans aucun doute. Il s'agit de deux problèmes différents : d'un côté, il y a les requins qui sont des animaux sauvages dans l'océan, et de l'autre, nous qui allons sur leur territoire. Nous devons plutôt faire attention à notre comportement, car c'est à nous de limiter les risques. »

 

Chassés pour leurs ailerons et leur mâchoire, les requins sont considérés depuis mars 2001 comme une espèce menacée en Australie, aux Etats-Unis, au Mexique, en Inde, en Thaïlande et aux Bahamas. La disparition de ce prédateur situé en haut de la chaîne alimentaire marine aurait des conséquences désastreuses sur la biodiversité marine. Une diminution de la population de requins dans les océans provoquerait une prolifération de poissons qui se nourrissent et détruisent les coraux, véritables poumons de la mer. 

Crédits photo : AFP

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