Eclairage sur...
LES FONDS SOUVERAINS
Longtemps les Etats-Unis se sont imposés comme leader mondial. Leader politique. Leader militaire. Leader économique. La crise financière qui ébranle depuis six mois son économie lui rappelle cependant que d’autres acteurs évoluent dans le marché mondialisé. Les pays émergeants disposent de fonds monétaires colossaux capables de remettre l’économie américaine à flot. Issus des excédents budgétaires originaires de l’extraction du pétrole et du gaz (72,7%) et de l’essor des marchés nationaux (27,3%), ces fonds souverains appartiennent à l’Etat qui les investit dans de grandes firmes multi nationales.
Près de 400 fonds souverains existent dans le monde et capitalisent quelques 300 milliards de dollars (soit l’équivalent du PIB de la France). L’Abu Dhabi Investment Authority des Emirats Arabes Unis est actuellement le plus grand fond souverain au monde avec 875 milliards de dollars actifs. En Asie, le Government of Singapore Investment Corporation est leader avec 330 milliards de dollars. Viennent ensuite l’Arabie Saoudite, le Koweït et la Chine. La Norvège trouve également sa place dans le palmarès. Ses réserves de pétrole lui assurent quelques 322 milliards de dollars actifs.
Investissant traditionnellement dans des produits sans risques comme les bons du Trésor américain, la conjoncture actuelle de flambée du prix des matières premières et d’effondrement du système financier occidental pousse les fonds d’investissement à se risquer dans des secteurs moins fiables mais plus rentables. On a ainsi pu assister dernièrement au renflouement de l’institution bancaire américaine, Citigroup par le fond d’Abu Dhabi.
La stratégie des pays émergeants est de préparer l’après pétrole. Lorsque les réserves de pétrole et de gaz seront plus difficilement exploitables et que les marchés asiatiques deviendront à leur tour saturés, les pays émergeants devront se tourner vers d’autres secteurs économiques. C’est pourquoi les revenus que les Etats tirent de leur fond souverain sont d’ores et déjà réinvestis dans l’industrie locale. Les Etats occidentaux se méfient cependant de l’importance que prennent ces fonds dans le capital des entreprises. L’obscurité des transactions leur fait redouter des visées politiques cachées.
Quoi qu’il en soit, ce phénomène marque une rupture dans l’histoire du capitalisme. Dans cette nouvelle page, les Etats émergeants semblent prendre leur revanche sur les puissances occidentales qui les ont bien longtemps laissés en marge du système économique mondial.
Source image : le Monde